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Le projet FCDArchives pose la question de l’interconnexion entre les écosystèmes et les organisations sociales humaines à travers un regard porté sur la relation entre histoire de l’art et histoire politique au XXe siècle.

Cette recherche prend la forme d’un projet transversal, entre recherche curatoriale et recherche artistique à partir d’un essai rédigé en 2005 intitulé For a Common Défense dans lequel j’interroge les relations de la politique étrangère et de la politique culturelle des États-Unis dans leur stratégie politique en direction de l’Amérique Latine depuis 1945. Sans avancer sur la piste de la collusion, volontaire ou non entre artistes et politiques, il s’agit de voir comment, sur une période identifiée, des intérêts convergents ont conduit des individus, des sociétés, des organismes publics, des groupes d’influence, à favoriser l’émergence et la circulation d’un discours, d’une culture et d’une idéologie dominante de l’American way of life. Comment les artistes et les images qu’ils produisent ont pu servir, malgré eux, des intérêts et des considérations idéologiques et économiques sous couvert de modernité et de promotion de la liberté individuelle ?

Ce projet prend principalement la forme d’un site web d’archives mais prend aussi la forme d’installations, de dessins, de performances. Il pourra prendre d’autres formes au grès des projets. En lien avec les autres projets artistiques que je réalise, FCDArchives interroge donc, lui aussi, le statut de l’image artistique dans son rapport à l’histoire, sa dimension idéologique et sa capacité à être reproduite, à véhiculer des messages parfois contradictoires. La dimension archivistique (je ne produite que très peu d’image pour FCDArchives mais j’archive des documents et des images qui préexistent) est en quelque sorte la base d’une pratique artistique de récolement. Sorte d’opération de contrôle de la présence d’un document, d’une image, d’un sens dans la mémoire collective.
Les projets que je réalise mettent en évidence la possibilité d’un double rapport aux images et à leur collecte. Des images homogènes, réunies selon une orientation de sens, qui s’articulent dans un tout pour le projet FCDArchives ; des images plus hétérogènes dans les séries de dessins ou les éditions, piochées au hasard des glanes qui tiennent par les failles et les superpositions de lecture.

Ce sont deux façons d’aborder l’archive, d’interroger ce qui fait archive : je ne pars pas d’une archive existante dans FCDArchives, mais je constitue une archive par la lecture que je propose. Par les choix opérés, il est question de parler d’une histoire en en délaissant une autre. Interroger ce qui fait archive c’est aussi interroger la méthode de la collecte (archive ou collection ou accumulation se confrontent). La collecte permet de saisir un ensemble d’images parfois cohérent dont je défini le périmètre parfois sans présupposé, de manière ouverte et sans hiérarchie. Le mode opératoire défini alors lui-même en partie les productions artistiques.

Par les sujets traités et les techniques employées, il est aussi question de la visibilité/invisibilité du discours de l’image comme c’est le cas par exemple avec El Discurso, extension plastique de la recherche de FCDArchives. Je mets ainsi en évidence les qualités de latence de l’image ses propriétés dissimulées, amenées à apparaître ultérieurement dans un effet de retardement.

Benoit Villain – janvier 2022

Photo : Edward Steichen Photography Study Center. The Museum of Modern Art, New York, 1967. Reports and Pamphlets, 1960s. The Museum of Modern Art Archives, New York.